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Un palais encombré

Comment notre palais s’encombre-t-il ?

Notre goût peut diminuer quand nous prenons des traitements et médicaments, que nous sommes déprimés ou encore, quand nos habitudes alimentaires répétitives saturent notre palais. Nous augmentons sels et sucres pour de mauvaises raisons et notre GPS intérieur est erroné.

Il arrive que nous soyons autour d’une table avec d’autres personnes qui s’extasient en dégustant un plat qui nous semble sans intérêt voire, sans goût. Nous abusons alors de la salière, du poivrier, de la moutarde ou d’autres accompagnements pour « relever » le tout. Il faut dire que nos habitudes alimentaires brouillent facilement notre système de guidage sensoriel.

Les aliments sont vivants et nous racontent leur histoire. Ils sont tous différents et nous procurent des ressentis qui se renouvellent à chaque dégustation. Les plats que nous confectionnons avec ces aliments sont aussi uniques que les ingrédients que nous choisissons pour les préparer. C’est pourquoi nos expériences gustatives sont différentes et que notre cerveau mémorise des expériences nouvelles chaque jour. Nos repas nous apprennent et développent notre corps gustatif tout au long de notre vie. Nous sommes faits pour apprendre, découvrir et enrichir notre expérience, imposer une homogénéité à notre goût c’est neutraliser certaines performances de notre cerveau. Un des effets néfastes de cette répétition gustative peut se concrétiser par une augmentation croissante des quantités avalées.

L’industrie agroalimentaire s’est développée au rythme de notre éloignement avec l’agriculture tout en assurant sa commercialisation sur des modèles américains de grande distribution. « Des usines pour fabriquer en masse, des supermarchés pour vendre en volumes ». La production massive et la mise à disposition du plus grand nombre de produits alimentaires nécessitent de garantir la sécurité des consommateurs. La chimie s’est mise au service de la production en usines en neutralisant les microbes, les bactéries, les risques pour la santé. Mais elle ne s’est pas limitée à la sécurité alimentaire, elle a trouvé des applications bien plus larges pour influencer et séduire nos papilles. Les arômes et les textures ont remplacé la matière, la consistance et les odeurs. Les odeurs des belles et bonnes fraises du jardin sont devenues des arômes que l’on peut désormais sentir à tout bout de champs : yaourt, bonbons, baume pour les lèvres, cigarettes électroniques…

A l’industrie s’ajoutent les marques. Une marque vous fait une promesse de qualité mais également celle de vous vendre de façon constante le produit que vous choisissez d’acheter. La publicité est là pour vous fidéliser, par l’émotion, la sympathie et l’attachement. Le goût d‘une marque est constant, vous comptez bien retrouver votre soda et votre barre chocolatée toujours identiques. Votre marque préférée vous garantit la constance de son offre. Pour notre cerveau cela signifie : un disque rayé !

Comment désencombrer son palais ? Moins de produits, plus d’aliments !

Chez L’heure de Goûter on ne parle jamais texture ou arôme, ni parfums : les aliments ont des odeurs et une consistance.  La reproduction des molécules olfactives est un arôme, la fraise a une odeur qui pendant la mastication se mêlera à la salive et s’épanouira dans votre palais jusqu’à l’arrière gorge par le principe de la retro olfaction. Notre goût est fait à 90% de l’odeur des aliments, vous l’avez testé quand vous êtes enrhumé.

Quand la chimie s’empare de la matière, elle crée des textures pour distraire notre palais et contourner l’homogénéité du goût par des perceptions tactiles nouvelles. Avez-vous essayé les billes de citrons qui reproduisent la structure des groseilles éclatant sous la dent ? Avez-vous observé les mélanges de consistances avec l’inclusion de produits croustillants ou craquants dans un dessert crémeux ? Pour concurrencer la diversité infinie de la nature dont nous avons besoin pour être et rester vivants, l’industrie et la chimie ne cessent de parfaire leurs talents d’illusionnistes. Bien souvent au détriment de notre connexion naturelle au monde.

Un aliment c’est un nom, une matière et une provenance.

Un produit c’est une marque, des additifs parfois naturels, souvent artificiels, et un site de fabrication. Un produit alimentaire est gustativement figé.